Challenge A-Z 2015
A comme Apostrophe
Avez-vous remarqué combien les outils contemporains de recherche généalogique sont incompatibles avec les apostrophes ? Non ? Alors, essayez de chercher la trace d'un ancêtre dont le nom commence par « d' » et vous comprendrez votre douleur.
Cette particule qui n'a rien à voir avec la noblesse (nous y reviendrons à la lettre P) oblige à des contorsions dans les moteurs de recherche... Faut-il coller le « D » au reste du nom ? Faut-il l'omettre ? Comment obtenir les meilleurs résultats ?
Concepteurs de bases et de sites, il y a encore une marge de progrès !
B comme Babielle
Babielle, patronyme de ma mère, est un nom rare.
Mon arrière-grand-mère disait que nous descendions de « gitans ». Malheureusement pour elle, sa tendance à l'affabulation ne permit jamais d'accorder du crédit à ses paroles.
En remontant la lignée, j'ai trouvé nos ancêtres dans la Côte-d'Or jusqu'au début du XVIIe siècle. Point de gitans, mais avant l'ancêtre « primitif » : rien.
Parallèlement, grâce à Google, j'ai identifié des Babielle aux confins de l'Allemagne et de la Pologne, dans une zone appelée autrefois « Prusse Orientale ».
Et si c'était l'origine des « gitans » dont parlait mon arrière-grand-mère ?
C comme Cartes postales
Sur un site de vente en ligne de cartes postales anciennes j'ai mis une alerte non pas sur un lieu mais sur mon patronyme. C'est ainsi que j'ai trouvé notamment la photo d'un « café Archassal » sans précision de localisation.
J'ai cherché dans ma base qui, des porteurs du nom, pouvait être limonadier. En vain.
Et puis, récemment, grâce aux bases de « Mémoire des hommes », j'ai découvert un Archassal aviateur demeurant chez ses parents à Tours.
Grâce aux recensements disponibles en ligne, j'ai ensuite retrouvé ces cousins, nés dans le Lot et devenus cafetiers boulevard de Grammont.
D comme Digitale
Avez-vous espéré un jour découvrir des détails atypiques sur vos ancêtres ? C'est ce qui m'est arrivé un jour, lorsqu'un de mes cousins a extirpé de ses archives une carte d'identité ancienne. C'était celle de son arrière-grand-mère et outre les informations d'état civil, la description physique, la signature et la photo, un détail a attiré mon attention...
Il y avait là, sur le document officiel attribué à cette femme née en 1872, ses empreintes digitales ! Je n'en avais jamais vu auparavant et je ne m'attendais pas à trouver ce genre d'indice qui nous rapproche, physiquement, des ancêtres et collatéraux.
É comme Écart
La littérature ancienne, et celle de Molière en particulier, a beaucoup raillé les vieux barbons qui épousaient autrefois des jeunes filles.
Que l'argent, un titre, un statut ou une notoriété quelconque attire une jeunesse dans le giron d'un vieillard, je peux le comprendre sans porter de jugement. Mais qu'est ce qui peut pousser une jeune fille de 16 ans à épouser un tisserand de 54 ans sans enjeu en 1690 ? Trente-huit ans d'écart c'est beaucoup...
Quand mon cousin Pierre Salinié épouse Marguerite Mosset, il faut sans doute croire très fort à la puissance de l'amour pour comprendre ce mariage...
F comme Fléau
Quand ma grand-tante m'a montré cette photo, ce sont les chats que j'ai reconnus en premier.
Sur une autre, le même pavillon de banlieue, un petit bonhomme avec un chapeau crasseux et une femme. Pour moi, adolescent à l'époque, ce fut une révélation généalogique. Que venait faire un des plus grands auteurs de la littérature du début du XXe siècle dans mon arbre ?
Et ma grand-tante de commenter : « Tu vois la femme à côté de Paul Léautaud ? C'est Anne-Marie, sa maîtresse. C'est également ton arrière-grand-tante. Léautaud a beaucoup écrit sur elle, il l'appelait Le Fléau ».
G comme Gag
Quand un prénom associé à un nom fait gag, il est légitime de se demander si les parents ont réfléchi avant de choisir comment appeler leur enfant.
Quand l'aventure se passe il y a plusieurs siècles, on peut s'interroger sur la validité du jeu de mots à l'époque.
Enfin, quand le prénom est celui du parrain ou de la marraine, il était peut-être impossible, pour des raisons « diplomatiques » d'en proposer un autre...
Que dire de Monsieur Pioche qui choisit en 1666 Bonne Viard pour être marraine de sa fille et donner ainsi naissance à une Bonne Pioche ?
H comme Heure
À Guercheville, en Seine-et-Marne, en 1822, soit l'officier d'état civil avait un petit problème avec l'heure, soit les pendules tournaient à l'envers...
Ce 30 septembre, Denis Jacqueson, berger, âgé de soixante ans et Victor Boulet, vigneron, âgé de trente-huit ans, viennent à la mairie sur les « cinq heures du soir » pour déclarer le décès d'Angélique Boulet.
Surprise à la lecture de l'acte : celle-ci est décédée le « trente du présent mois », donc le même jour, « à cinq heures et demie du soir », soit pile une demi-heure, en théorie, après la rédaction de l'acte !
I comme Imbroglio
En essayant d'expliquer, sur Facebook, une partie de la généalogie de ma belle-mère, je me suis rendu compte à quel point il était difficile, parfois, de faire comprendre les liens de parenté à des non-généalogistes.
L'exposé est pourtant clair : plusieurs frères et soeurs de ma belle-mère sont aussi ses cousins germains car après le décès de son père, sa mère a épousé son oncle...
En effet, au décès de son premier mari avec qui elle avait eu des enfants, la mère de ma belle-mère a épousé le frère de celui-ci et donna naissance à d'autres enfants.
Simple, non ?
J comme Jumeaux
Mais qu'est ce qui peut passer par la tête de parents qui ont des jumeaux et les prénomment tous les deux Jean ?
C'est pourtant ce qui arrive dans cet exemple issu des registres paroissiaux d'Herblay (actuel Val-d'Oise) : le 18 mars 1668 furent baptisés Jean et Jean, enfants de... Jean Bazin et de Martine Paulmier.
Le premier a pour parrain Jean Bureau, le second a pour parrain... Jean Bazin, homonyme du père des deux Jean !
Je souhaite bien du courage aux généalogistes qui descendent de cette famille pour s'y retrouver dans les générations, ascendants et collatéraux compris !
K comme Kilomètre
En généalogie, l'unité de distance séparant deux villages ancestraux ne peut pas être le kilomètre.
D'abord parce que cette mesure n'existait pas avant la Révolution, mais surtout parce qu'il faut avant tout voir le paysage dans sa topographie et non dans ses distances.
Croyez-vous que l'on franchisse aisément un col de montagne pour aller chercher une épouse ?
Croyez-vous que l'on traverse facilement une rivière pour déménager ?
Non, en généalogie, ce n'est pas au plus près d'un lieu connu que l'on doit chercher les origines inconnues des générations précédentes, mais au plus accessible en termes de voie de communication.
L comme Luxembourg
Comble de l'exotisme, mon seul ancêtre étranger est... Luxembourgeois !
Guillaume Theis a été baptisé le 6 novembre 1696 à Diekirch.
Son père était « Maître des Métiers » de la ville (une sorte de Président de Chambre des Métiers) et l'envoya faire son Tour de France comme compagnon menuisier.
C'est en faisant une halte à Saint-Seine-l'Abbaye, dans l'actuelle Côte-d'Or, que Guillaume rencontra celle avec qui il se maria en 1725.
En travaillant sur ses origines, j'ai eu la chance de rencontrer des cousins vivant toujours à Dierkirch qui m'ont permis de mieux comprendre la culture différente de cet ancêtre.
M comme Main
Pour protéger les registres anciens, il y a maintenant bien longtemps que nous n'avons plus accès aux originaux mais à des microfilms ou des images numériques.
Je suis nostalgique de cette époque où nous avions le contact avec le papier et où je pouvais poser ma main là où mes ancêtres avaient posé la leur.
En effet, lorsqu'ils ont signé leur acte de mariage, par exemple, on peut imaginer qu'ils ont appuyé leur main sur la feuille.
Et quand mes doigts se posaient, quelques siècles plus tard, sur la même feuille, j'avais l'impression d'entrer en contact physique avec mes ancêtres.
N comme Naturel
Nous avons tous dans notre arbre au moins un enfant naturel.
Plus rare est le cas de mes ancêtres Dominique Gueneau et Marguerite Pingat : ils n'ont jamais été mariés mais eurent deux enfants ensemble, Juste en 1779 et Pierre en 1783.
Dominique aura même un petit Claude avec une autre femme, en 1785.
Quelle était leur vie ? Mystère...
Mystère également autour de leurs décès, tous les deux à 33 ans : dans les deux actes le curé a indiqué « de mort subite » alors qu'il ne précise jamais la raison de la mort pour les autres défunts...
O comme Obiit
La mention marginale « obiit » échappe parfois aux généalogistes débutants.
Elle est inscrite occasionnellement en marge d'un baptême lorsque l'enfant est décédé en très bas-âge.
Obiit, en latin, est la contraction de « obivit » signifiant « il est mort ».
Comme les actes de sépultures n'étaient pas obligatoires pour les jeunes enfants, c'est généralement la seule trace de leur rapide passage sur terre.
En étant attentif à cette mention discrète, parfois suivie de la date exacte du décès (souvent en latin également), on évite des confusions entre deux frères ou deux soeurs prénommées de la même manière !
P comme Particule
La connaissance et la maîtrise de la particule sont des apanages des généalogistes.
Pour le commun des mortels, un nom à particule est synonyme de noblesse.
Pourtant, les généalogistes le savent bien, la majeure partie des noms « à particule » désigne de nobles familles...ordinaires !
Dans la plupart des cas, et notamment dans les temps anciens, la particule d'un nom évoque un toponyme, lieu d'où était originaire la famille.
Parfois elle est une simple habitude du curé, rédacteur des actes, qui distribue du « de » allègrement et... aléatoirement.
Les généalogistes doivent aujourd'hui contribuer à faire connaître cette vérité.
Q comme Quadrichromie
La scène se passe à Aignay-le-Duc, dans la Côte-d'Or.
Environ 110 ans séparent ces deux photos.
Sur celle de gauche, derrière la petite fille, mon arrière-grand-père pose au milieu de l'escalier.
J'ai peu de photos, trois tout au plus, de cet homme né en 1846 et mort en 1911.
L'image est pour moi une très belle composition d'un groupe de famille.
La main sur le pommeau, le frère de ma grand-mère est très fier d'être facteur rural.
Rien n'a changé et tout a changé à la fois.
Tous les personnages sont morts...
La maison est intacte...
La quadrichromie est arrivée...
R comme Réception
Les sages-femmes n'étaient pas de simples accoucheuses, elles avaient aussi pour mission d'ondoyer les enfants trop chétifs.
Aussi, elles devaient prêter serment et faisaient l'objet d'une réception, comme ici à Saint-Seine-l'Abbaye (actuelle Côte-d'Or) :
« L'an 1745, le 14 février, je soussigné prêtre déclare avoir reçu Margueritte Arthaud demeurante à Cheneroilles et Angélique Culmel de Vaux pour assister les femmes en couche, après avoir pris d'elles le serment requis en tel cas. Lesquelles ont déclaré ne savoir signer ; ès présence de Louis Petitot, recteur d'école de Vaux, et d'Edme Banier, charron audit Vaux, qui se sont soussignés avec moi. »
S comme Soulagement
« Cette année a été tout à fait singulière pour les saisons. Depuis le 20 janvier jusqu'au 27 février il y a eu des neiges 3 pieds d'épais et il a fait des froids excessifs. On a donné partout du soulagement aux pauvres par ordre du gouvernement et pendant un mois j'ai nourri et chauffé dans ma chambre 27 à 28 petits pauvres de la paroisse qui auraient langui chez eux. Malgré cela l'année n'a pas été mauvaise. Il y a eu assez de blé, peu de gerbes, mais elles rendaient beaucoup. »
[La Chapelle-la-Reine, actuel département de Seine-et-Marne, 1784].
T comme Tolérance
L'histoire religieuse française a notamment été marquée par la saint Barthélémy 1572, épisode tragique des guerres de religion qui ensanglantèrent le pays.
Vingt-six ans plus tard, l'édit de tolérance dit « Édit de Nantes » accordait aux protestants des droits cultuels, civils et politiques.
J'ai pu vérifier que ce texte royal n'était pas resté un voeu pieux puisque même dans les registres de Turenne (actuelle Corrèze), au baptême catholique de Marguerite de Chanons le 23 octobre 1606, sont parrain et marraine deux protestants : Jean Dilihou et Marguerite La Coste...
Une belle preuve de paisible cohabitation et de tolérance !
U comme Usage
Qu'est ce qui décide un homme ou une femme de choisir pour sa vie un prénom différent de celui de sa naissance ?
Entre prénom de baptême et d'usage il y a parfois un grand écart.
Prénoms identiques des enfants d'une fratrie, besoin de différencier les homonymes dans une même paroisse... nous ne connaîtrons jamais les véritables raisons qui poussent un ancêtre à porter un prénom qui n'est pas celui de sa naissance.
En 1733, c'est clair pour Marguerite : elle s'appelait Angélique à sa naissance.
Pourtant il semblerait que le prénom Angélique soit plus différenciant que celui de Marguerite...
V comme Voyage
Il n'y a pas si longtemps, moins de deux siècles, pour voyager à l'intérieur de notre pays, il fallait un indispensable passeport...
Ainsi, afin de « circuler librement » d'Avesnières (Mayenne) à La Guerche (Ille-et-Villaine), soit 40 kilomètres seulement en ligne droite, un passeport de l'intérieur était indispensable à Charles Fournier en 1809...
Conscrit de l'an XIII (soit 1804-1805), cet homme était natif du Puy-de-Dôme et avait parcouru une distance bien supérieure pour venir là où il travaillait.
Mais, police oblige, ce passeport, ce visa, était nécessaire pour que ce charpentier de marine puisse atteindre sans encombres sa destination finale...
W comme Who are you?
Le 5 juillet 1736, à Montigné-le-Brillant, Mayenne, « est née et a été baptisée le même jour par moi curé soussigné, Anne Jeanne, fille d'une étrangère dont on n'a pu savoir le nom à cause de son langage inconnu. A été parrain Maître Pierre Fournier, notaire à L'Huisserie, et marraine Anne Joelier, qui ont parlé à la mère dudit enfant et ont déclaré n'avoir pu en savoir ni le nom ni la patrie. »
Qu'a pu devenir cette petite fille à laquelle les registres paroissiaux donnent un acte de baptême, mais dont l'histoire ne retiendra jamais qui elle est ?
X comme X
Au fil des registres paroissiaux, il n'est pas rare de rencontrer des omissions dans les actes, nous avons tous rencontré des centaines de cas.
Mais il faut quand même être sacrément distrait pour omettre... le nom des mariés !
C'est pourtant ce qui arriva le 1er juillet 1680 à Parnac (actuel département du Lot) où le prêtre réussit le tour de force de rédiger un acte de 18 lignes, avec force détails sur les bans et les attestations du curé de la paroisse d'où vient l'un des époux... mais oublie purement et simplement de dire qui il a marié !
Y comme Yeux
C'est dans les yeux que tout se passe...
J'aime particulièrement cette photo de Nicolas II, tsar de toutes les Russies (1868-1918), et George V, roi d'Angleterre (1865-1936).
Ils étaient cousins germains, petits-fils de la reine Victoria et régnaient à eux deux sur un territoire immense.
Chaque photo qui montre Nicolas et George prouve cette troublante ressemblance qui passe par leurs yeux.
Oublions l'uniforme et la barbe, concentrons-nous sur leur regard, bleu, clair, profond et lointain.
Et, à l'instant immortalisé du cliché, dans les yeux de George et Nicolas nous pouvons tout lire, y compris cet indéfectible lien de la parenté...
Z comme Zorobabel
Zorobabel est une des figures de l'Ancien Testament.
Petit-fils du roi Joachin, il devint au VIe siècle av. J.-C. le gouverneur de la province perse de Judée, c'est-à-dire le chef du peuple juif et engagea la construction du Second Temple de Jérusalem.
Comment ce prénom peut-il se retrouver donné au baptême d'un nouveau-né de Montoillot, dans l'actuelle Côte-d'Or, en 1624 ?
Tout ce que l'acte nous apprend, c'est que son parrain porte le même prénom, ce qui reporte la question juste une génération plus loin...
Quel poids l'Ancien Testament avait-il dans la liturgie de l'époque ?
La question reste entière.