Marie Éléonore Gerouilhe est née le 4 Nivôse an VIII, c'est-à-dire le 25 décembre 1799. Jeune fille indépendante, à 21 ans à peine, elle s'est déjà enfuie de chez ses parents, des bourgeois d'un petit chef-lieu de canton rural, et vit toute seule dans une commune proche. C'est là qu'elle rencontre Philippe Boyron, un officier de santé de 17 ans son aîné et c'est le coup de foudre entre eux. Mais Alexis Gerouilhe, le père de Marie Éléonore, n'est pas du tout d'accord pour qu'elle épouse cet homme qui a pourtant conquis son cœur.

Alors, le 4 mars 1821, Marie Éléonore convoque un notaire chez ses parents qui constate que « quoi que sa fortune, son éducation et sa naissance soient en rapport avec la sienne » ces derniers s'obstinent à refuser leur consentement pour que Boyon devienne leur gendre. Ainsi, la jeune fille « se voit obligée d'employer les moyens tracés par la loi pour y réussir ; en conséquence elle déclare par cet acte respectueux supplier humblement monsieur et madame Gerouilhe ses père et mère de considérer avec la plus grande attention les avantages qui résulteront de son mariage et de lui accorder un consentement qu'elle sollicite de leur tendresse ordinaire, de laquelle elle se montrera toujours digne en leur témoignant le degré de respect et d'attachement qu'une fille bien née doit aux auteurs de ses jours ».

Cinq jours plus tard, le notaire rédige un procès-verbal où il indique que, pour toute réponse, les parents « ont déclaré ne vouloir faire aucune réponse ni même signer le présent acte ».

Marie Éléonore Gerouilhe ne renonce pas pour autant et le notaire se présente à nouveau chez ses parents le 11 avril. Le procès-verbal du lendemain conclut de la même manière que celui du 9 mars...

Et enfin, le 14 mai, un troisième acte respectueux est suivi d'un troisième pv, identique aux précédents.

Alors, le jour de l'été 1821, avec obstination mais sans doute la mort dans l'âme, Marie Éléonore Gerouilhe épouse Philippe Boyron sans le consentement ni la présence de ses parents. Seul témoin pour elle : le mari de sa tante paternelle dont on ne sait en quelle délicatesse il était avec les parents de l'épouse.

Mais la détermination de la jeune fille eut raison des esprits chagrins car, comme dans les contes de fées, tout finit bien. Jean Baptiste Boyron, premier enfant du couple, naîtra de leurs amours le 21 mars 1822, soit 9 mois jour pour jour après leur union.