Nous sommes en 1824. Jean et Anne ont 65 ans. Ils ont eu 5 enfants dont 4 sont toujours en vie. Les deux aînés et la cadette sont mariés et Marie, la troisième enfant, est domestique dans une maison bourgeoise, mère célibataire d'une petite fille.

En ce mois de novembre, celle-ci oblige ses parents à aller chez le notaire pour faire l'inventaire de tout ce qui est à elle et qui est stocké chez eux. Elle se prémunit ainsi, sans doute, de la réintégration de ses biens dans un partage global s'ils venaient à décéder. Ainsi, devant l'officier, les parents reconnaissent disposer des objets suivants appartenant à leur fille :

  • « Un lit et un traversin en plume mélangée avec deux édredons en toile du poids de 9 kg environ.
  • Un ciel à tombeau avec le bois de lit, une paillasse de lit, une mauvaise couverture de drap jaune.
  • Un coffre ferré et fermant à clé dans lequel sont sept draps de lit et trois nappes, les draps de grandeur d'environ 1,5 m.
  • Un autre mauvais coffre non ferré.
  • Une marmite en fonte avec son couvercle en fer, six cuillères, six fourchettes, une poêle à frire et cinq chaises.

Le tout évalué à 100 francs d'après la déclaration des parties sans que cette estimation puisse nuire à la valeur desdits effets, attendu que les dépositaires s'obligent de rendre le tout à leur fille à sa première réquisition, non détériorés que par l'usage. »

Jean, le père, mourra trois mois plus tard et sa femme le suivra peu de temps après, qualifiée de « mendiante » dans son acte de décès.

Marie, leur fille qui avait exigé ces comptes d'apothicaire, les suivra dans la tombe trois ans plus tard, âgée de 41 ans. La veille de son décès, elle eut tout juste le temps de faire son testament, de désigner un tuteur à sa petite fille et la nommer héritière de ses biens au préjudice de tous ses collatéraux.