Le cas est suffisamment rare pour être signalé : un homme se déclare né de parents inconnus à son mariage alors que ceux-ci sont bien vivants, que son acte de naissance précise sa filiation et qu'il sera présent pour régler leur succession...
Retour sur la chronologie
Tout commence au fil d'une recherche généalogique avec la découverte du mariage de Jean François Marie Longueville avec Thérèse Moriez, célébré le 7 novembre 1832 à Bray-sur-Somme (80). L'époux y est qualifié ainsi : « ouvrier couvreur, garçon majeur domicilié à Bray, âgé de 22 ans, enfant trouvé, élève des hospices civils de Paris, né à Paris le 11 juillet 1809 ».
On voit même que pour ce mariage il procède « avec le consentement à lui délivré sous la date du 16 juin dernier par Monsieur Duplay, membre de la commission administrative des hospices civils de Paris, tuteur des mineurs et orphelins ».
Un acte de naissance filiatif
Sauf que voilà... l'acte de naissance de Jean François Marie Longueville, retrouvé dans la reconstitution des actes parisiens (une chance !) mentionne bien le nom de ses parents : Jean François Marie Longueville et Marie Catherine Gaime.
Aucun doute n'est permis, la date est bonne, le lieu aussi, il n'y a donc pas de raison de douter de sa véracité.
Pourquoi n'a-t-il pas produit cet acte pour son mariage ? Inutile de mettre en cause la destruction, lors de la Commune, des archives de la capitale puisque le mariage a été célébré en 1832, c'est-à-dire à une époque où les documents originaux existaient encore et auraient pu être retrouvés !
Il vivait avec son père
Plus curieux encore, il vivait avec son père en 1829, soit seulement trois ans avant son mariage, comme le prouve sa fiche de recrutement retrouvée également à Paris. À 20 ans, il vivait avec sa famille !
Cette fiche montre qu'il s'agit bien du même individu (date de naissance, profession de couvreur, filiation...) et qu'il était « domicilié avec son père, rue de Sèvres n°127 ».
Héritier de ses parents
Et pour couronner le tout, lorsque son père meurt le 2 janvier 1845 à Paris, Jean François Marie Longueville fait partie des quatre héritiers (le couple avait eu 17 enfants, dont 13 morts en bas-âge). Le document issu des mutations après décès est formel :
Alors, la question reste entière : pourquoi Jean François Marie Longueville s'est-il fait passer pour enfant trouvé lors de son mariage ?
Comment a-t-il pu bénéficier de la complicité de Monsieur Duplay, membre de la commission administrative des hospices civils de Paris, tuteur des mineurs et orphelins ?
Même s'il a été placé temporairement aux hospices civils pendant que ses parents géraient leur abondante marmaille avant de réintégrer le domicile familial à l'adolescence, pourquoi dire que ses parents sont inconnus ?
Ces questions n'ont pas de réponses pour le moment et prouvent qu'en généalogie, plus on cherche, plus on trouve mais plus on trouve, plus on doit chercher !