J'ai retrouvé deux nouvelles pièces qui viennent alimenter utilement le dossier de Jean François Marie Longueville, ce jeune homme de 23 ans qui se déclare enfant trouvé à son mariage en 1832 alors qu'il vivait avec ses parents seulement 3 ans auparavant et qu'il participe au règlement de leur succession en 1845...
Fiche d'abandon
Après avoir publié mon premier article sur le sujet, je suis allé consulter le registre des admissions des enfants trouvés.
C'est aux Archives de Paris que les fonds des enfants assistés ont livré deux documents essentiels. Le premier est une fiche d'abandon provenant de l'hospice de la maternité où ses parents sont clairement indiqués et où figure son matricule : 2530.
Registre de placement
Grâce au matricule de l'enfant, on le retrouve dans le registre de placement conservé dans les mêmes fonds aux Archives de Paris. Né le 11 juillet 1809, il est reçu comme enfant trouvé le lendemain et placé le 28 juillet à Hardecourt-aux-Bois, dans le département de la Somme.
Cela explique sans doute pourquoi il se mariera à Bray-sur-Somme, à seulement 10 kilomètres, dans cette région où il a grandi et où il a dû rencontrer sa promise.
Malheureusement, avant 1810, les dossiers des enfants assistés ne sont pas plus nourris. Il nous faut donc nous contenter de ces deux pièces pour continuer l'enquête.
La famille d'accueil
Âgé de 17 jours, Jean François Marie Longueville est donc confié à Sophie Domont, femme de Jean Baptiste Tarlier : voilà une information essentielle, celle de la famille d'accueil.
Grâce aux arbres en ligne de Geneanet, on découvre que Sophie Domont mourra le 30 octobre 1846 à Hardecourt-aux-Bois, à l'âge de 75 ans. Elle était donc née vers 1771 et avait 38 ans lorsqu'elle recueilli Jean François Marie Longueville. Elle avait eu avec Jean Baptiste Tarlier (décédé le 3 novembre 1822 à l'âge de 62 ans) au moins deux enfants : Jean Baptiste et Marie Thérèse, tous les deux plus âgés d'une quinzaine d'années que Jean François Marie Longueville.
Le recensement de 1836 à Hardecourt-aux-Bois montre que Sophie Domont vivait avec sa fille Marie Thérèse, devenue femme de Jean Baptiste Boucher, et ses petits-enfants. Même si elle a élevé un enfant (ou plusieurs ?) en nourrice, elle n'a pas rompu les ponts avec sa famille génétique.
Pourquoi ce placement ?
Après cette enquête, je suis intimement convaincu que Jean François Marie Longueville avait été placé parce que ses parents ne pouvaient pas l'élever. Ils avaient 17 enfants, au rythme d'un par an, et leurs moyens, financiers comme physiques, ne devaient pas leur permettre de les garder tous chez eux.
Jean François Marie Longueville n'était donc pas un enfant trouvé mais un enfant placé. Pourtant, si cette nuance de vocabulaire permet de comprendre son histoire, elle n'explique pas pourquoi l'identité de ses parents génétiques n'a pas été mentionnée lors de son mariage... Certes, il ne les avait pas connus pendant son enfance, mais il vécut quand même avec eux en fin d'adolescence et fut bien heureux de bénéficier de leur héritage !
Le mystère se renforce
Maintenant que la famille d'accueil est connue, je suis retourné lire l'acte de mariage pour connaître les noms des témoins de Jean François Marie Longueville. Il s'agit de deux de ses amis : Benoît Turquet, âgé de 48 ans (donc né vers 1784) et Ferdinand Turquet, âgé de 44 ans (donc né vers 1788).
J'imaginais qu'il pouvait s'agir de ses « frères et soeurs de lait », voire de sa mère-nourricière, malheureusement non. Ce détail met l'accent sur une nouvelle question : combien de temps est-il resté chez eux ? Quelques mois ? Plusieurs années ?
Et puis voilà, on ne se refait pas, quand on est généalogiste on est acharné. J'ai donc recherché qui étaient ces témoins...
Benoît et Ferdinand Turquet sont fils de Florent et... d'Honorine Longueville ! Pourtant, en suivant les généalogies sur Geneanet aucun croisement ne se fait avec l'ascendance de Jean François Marie Longueville.
Alors, hasard ou parenté lointaine ?