Aujourd'hui, quand nous allons chez le notaire, c'est pour acheter ou vendre un bien immobilier, rédiger un contrat de mariage ou préparer une donation pour nos enfants, par exemple... Cela ne nous arrive donc pas très souvent dans notre vie.

Nos ancêtres, en revanche, passaient devant le notaire plusieurs fois par an. En effet, dans une société ou la plupart des gens étaient illettrés, dès qu'il était nécessaire d'établir un contrat spécifique, il fallait le faire devant un officier qui en garderait la trace.

C'est pourquoi les généalogistes doivent exploiter en profondeur les archives notariales. Bien au-delà des contrats de mariage, des inventaires après décès ou des testaments, Il y a des quantités d'actes qui nous racontent la vie de nos ancêtres que ce soit des baux, des contrats d'apprentissage ou même des devis pour travaux.

Je vous présente aujourd'hui cet acte notarié du 4 février 1726, qui constitue un contrat entre un particulier et un artisan. Il s'agit du « devis des ouvrages de maçonnerie, charpente, couverture, menuiserie, serrurerie, gros fer, vitrerie et carrelage qui conviennent être faits suivant les plans profils et élévations qui sont signés et paraphés sous signature privée sur un terrain appartenant à Monsieur Chaudron vis-à-vis la fontaine et mur de clôture de ses jardins ».

Ce devis commence par la « fouille des caves », c'est-à-dire le creusement du terrain sur « 9 toises de longueur sur 4 toises de large et 9 pieds de hauteur ». Dès lors, en effectuant la conversion, on connaît la taille de la maison : 17,5 mètres de long sur 7,80 mètres de large (une sorte de double carré), la voûte de la cave culminant à 2,70 mètres.

Et ainsi de suite, d'étage en étage, de pièce en pièce pour toute la maison y compris l'escalier dont « la coquille contient 41 pieds de pourtour sur 3 pieds de large, carrelée par-dessus ». En plus de la maçonnerie, on découvre les ouvrages en « gros fer » consistant en « 4 manteaux de cheminée pesant chacun 35 livres, plus 8 bandes de trémie pesant chacune 30 livres » ou encore la charpente dont « le faîtage contient 9 toises de longueur et de 8 à 9 pouces de grosseur de bon bois de chêne et sans aubier ». Seront fournies également « 4 pannes de chacune 9 toises de longueur qui porteront dans les 2 murs de pignon et sur le mur de refend ».

Ainsi, au fil des pages, on passe de la cave au grenier et le devis se termine par la couverture en lattes de coeur de chêne et en bonne tuile de Bourgogne. Comme aujourd'hui, à chaque élément correspond un prix et le total figure à la fin du document. Le notaire n'était évidemment pas le garant de la bonne réalisation des travaux mais, en revanche, il était là pour attester du contrat et éventuellement montrer qu'il avait été respecté ou non selon les engagements mutuels.

Alors, à votre tour de retrouver maintenant des devis concernant les maisons de vos ancêtres dans les archives des notaires !

[Source : Claude Dupuys, AN MC/ET/XXXIV/504]